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Cinéma

Une Brillantissime comédie

Michèle Laroque, comédienne et actrice niçoise à la carrière remarquable, s’est lancée dans une aventure : réaliser un film via le système du crowdfunding. Désireuse de rendre la lumière à sa ville solaire, noircie par le terrible attentat au camion survenu sur la Promenade des Anglais en 2016, elle lui dédie une comédie digne de la pièce Mon Brillantissime Divorce. Ayant elle-même joué l’œuvre de Géraldine Aron en 2009-2010, Michèle Laroque donne une seconde fois vie au personnage d’Angela, femme pitoyable servant de miroir à l’humour piquant de la réalisatrice…

Angela (Michèle Laroque), quadragénaire niçoise, se fait plaquer le jour de Noël. Choquée par le désir de séparation de son mari, Max (Pascal Elbé), elle en vient à remettre sa vie en question : comment faire face à la rupture ? Si elle pense trouver du soutien auprès de ses proches, elle se trompe. Sa mère (Françoise Fabian) se soucie peu des difficultés qu’elle traverse, tout comme sa meilleure amie, Charline (Rossy de Palma), qui tente de contrôler sa vie. Seule sa fille, Léa (Oriane Deschamps), semble se soucier de son moral… Et le maraîcher proche de son immeuble, Georges (Gérard Darmon) qui lui prête gentiment son oreille. Désespérée, Angela se tourne vers son psychiatre, le Docteur Steinman (Kad Merad). Mais leurs séances ne déboucheront pas sur une solution ; l’amour qu’il lui porte secrètement est un nouveau problème auquel Angela est confrontée.

« Ils sont tous un peu fous dans ce film… Comme nous. » – Michèle Laroque
Brillantissime, c’est une comédie mélodramatique qui traite de la vie pour en faire une critique humoristique. Mort, rupture, famille, amitié, sexe et consultation psychiatrique sont dédramatisés par le rire, les tabous et les clichés étant moqués par un humour subtil et rempli de clins d’œil à la pièce de Géraldine Aron. Angela passe ainsi des vacances seule sur une île remplie de couples alors qu’elle tente de se changer les idées. Elle se force à aller à un rendez-vous organisé par l’internet et ne parvient pas à coucher avec son prétendant (Michaël Youn). Résultat, elle s’achète une dizaine de godes dans un sexshop qui viendront décorer sa cheminée… Elle passe Noël avec son chien, Xxelle. Elle suit les « conseils » de son amie Charline et prend des cachets le soir du Nouvel-An pour aller dormir. Elle raconte sa vie à un inconnu parce qu’elle est seule. Elle essaie à tout prix de reconquérir Max, qui joue pourtant avec ses pieds et la trompe avec une autre. Elle tente de se suicider « avec des fougères », comme le dit la bande-annonce. Puis, elle se retrouve, à sa sortie d’hôpital, à pousser sa propre chaise roulante, occupée par sa mère venue lui rendre visite… Le spectateur plonge, en somme, dans la vie un peu folle et désespérante d’une femme déboussolée et découvre entre deux éclats de rire la façon dont elle remonte la pente.

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Brillantissime, c’est donc aussi une production en série (comme de nombreux films actuellement, restons honnête…). C’est le retour de la même histoire : une femme esseulée doit affronter la difficulté du divorce. Sur le plan de la construction narrative, on retrouve donc le même schéma que dans les autres comédies : il n’y a pas d’effet de surprise quant aux péripéties et au dénouement. Le film apparaît comme une continuité du genre mélodramatique : le personnage d’Angela va de catastrophe en catastrophe, de péripéties en péripéties ; l’amour semble impossible mais finalement, l’histoire débouche sur une happy end. Toutefois, si Brillantissime apparaît comme une comédie française de plus, le récit possède son propre humour ; celui que met en scène Michèle Laroque, piquant et construit de blagues à double sens. Derrière l’histoire d’Angela se cache une critique sociale de la femme : la moquerie porte sur le fait qu’Angela ne parvient pas à avancer à cause des cadres de pensée (voulant qu’on ne peut pas être avec son psychiatre) mais aussi à cause des tabous (il n’est pas bien de rencontrer un homme via un site de rencontre ; il est naïf d’avoir la faiblesse de croire que tout peut s’arranger, même quand un mari en vient à tromper sa femme ; il est « honteux » d’aller acheter un vibromasseur…).

Tous ces éléments, déjà présents dans le spectacle Mon brillantissime divorce, prennent vie de façon plus intense dans le film. L’incarnation de ceux ne sont que des silhouettes au théâtre en personnages « réels », dont la peau est celle des acteurs, accentue, en effet, les messages que le film véhicule sur notre société. Comme le disait Hoggart dans La culture du pauvre, le spectateur n’est pas indifférent aux productions culturelles qui se jouent devant lui parce qu’elles ne font pas que se déverser dans son esprit. Il y a une résistance qui pousse l’individu à réfléchir sur ce que la fiction lui présente comme reflet de sa société. Les œuvres ont toutes un message, même celles qui apparaissent seulement comme appartenant à la culture du divertissement… Brillantissime met, en effet, au centre les thèmes sur lesquels on ferme les yeux dans notre vie quotidienne et les aborde sans détour pour les ridiculiser. Et donc, par extension, les rendre moins sclérosés.

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« C’est un film de potes […], et puis il y a ma famille, il y a ma fille, il y a ma vraie mère, il y a mon chien, il y a Nice. » – Michèle Laroque
Une dernière particularité à noter dans Brillantissime serait la touche personnelle que Michèle Laroque a donnée au personnage d’Angela. Elle joue au tennis et au piano, elle est proche de sa fille, elle a un labrador, elle vit à Nice… Les caractéristiques de ce personnage sont évidemment à remettre à la réalisatrice elle-même, qui réunit aussi dans cette production des acteurs qui lui sont proches dans la vie personnelle. Peut-être est-ce aussi ce qui confère à l’histoire un côté humain, outre le fait qu’elle dépeint des interactions pouvant survenir dans la vie quotidienne. Il n’y a, par exemple, aucun doute à avoir sur la sincérité des émotions que l’on perçoit à l’écran lorsque Angela vole au secours de sa fille Léa, abandonnée par son groupe au moment d’un concert, pour chanter avec elle La vie au ras du sol d’Alex Beaupain.

Le film est loin d’avoir fait l’unanimité. Qualifié de « mauvais Bridget Jones » et descendu en flèche par certains critiques de cinéma, il semble avoir divisé les opinions. Resté moins d’un mois au cinéma en Belgique, il cartonnera cependant en France : numéro 1 du box-office lorsqu’il était encore en salles avec plus de 600 000 entrées. Sur le Twitter de Michèle Laroque, les fans venaient exprimer leur ravissement. Le film a donc eu une belle reconnaissance chez nos voisins bleu-blanc-rouge. Laissez-vous plutôt convaincre par ceux-ci car Brillantissime paraît comme un chouette moment à passer pour se dérider tout en rêvant sur Nice que le film nous montre telle une carte postale ou des photos de vacances…

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