Un raccourci dans le temps, où comment perdre son après-midi et son argent en un rien… de temps. Réalisé par Ava DuVernay, l’adaptation cinématographique du roman classique de Madeleine L’Engle aurait mieux fait de ne jamais sortir.
Meg Murry manque d’assurance et tente de trouver sa place en tant que collégienne. Très intelligente, elle possède un don rare qu’elle ne n’a pas encore exploité. La disparition inexpliquée de son père va l’amener à faire la connaissance de trois guides venues sur Terre pour l’aider à le retrouver. Accompagnés de Calvin, un camarade de classe, et de son frère Charles Wallace, ils trouvent au cours de leur quête un raccourci spatiotemporel les entraînant vers des mondes insoupçonnés…Pour commencer, le long-métrage s’adresse exclusivement aux fillettes de 7 à 14 ans : pour les autres, le film ressemblera à un divertissement naïf à la sauce Disney Channel.
Storm Reid, qui incarne le personnage principal, petite fille à la recherche de son père, ne permet pas de sauver le long-métrage, bien au contraire. En effet, la fillette n’est pas très bonne actrice, et ses émotions ne se résument qu’à une mine renfrognée. Quant au garçon qu’elle rencontre dans la rue par hasard, il est aussi utile qu’une fourchette pour boire une soupe. Reese Witherspoon, qui incarne une des trois guides, est tout bonnement invivable, tant son excentricité est forte… et mal jouée. Quant à Oprah Winfrey, on se demande bien ce qu’elle a pu faire pour se retrouver dans un film pareil. Le seul personnage intriguant est Red (incarné par Michael Peña), un méchant haut en couleurs (dans tous les sens du terme) qui n’apparaît que quelques minutes à l’écran, avant d’être aussitôt éclipsé.
Ensuite, les personnages deviennent lassants par leurs discours moralisateurs mal ficelés. Combattre ceux qui vous harcèlent et défendre vos convictions, telles sont les devises d’Un raccourci dans le temps. Trop artificiels, ces morales auraient pu se montrer intelligentes et enrichissantes si elles avaient été un peu mieux amenées. Puis, les effets spéciaux sont trop nombreux et mal faits : la réalisatrice fait fi des décors en dur pour laisser place à de grands fonds verts sans authenticité. Ainsi, lorsque nos trois personnages principaux se mettent à voler dans les airs avec une feuille de salade géante, on se demande si le long-métrage ne serait pas devenu un navet (sans mauvais jeu de mot). La musique, quant à elle, n’est pas adaptée au récit et à ses actions. En effet, de – trop – nombreux morceaux de Pop sont présents et s’intègrent très mal dans l’intrigue, donnant au film une sensation de rythme irrégulier.
En voulant rassembler sous une héroïne de couleur toutes les minorités, Disney marque son premier raté de l’année 2018. Mais en désirant offrir un long-métrage original et différent de ce que le studio propose d’habitude, Ava DuVernay se perd, entraînant avec elle tous les acteurs.