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Cinéma

Quentin Tarantino, cinéaste de la mondialisation ?

Grand amoureux de réappropriation culturelle, Quentin Tarantino nous offre un cinéma coloré, reflet d’une société mondialisée dans laquelle les cultures se mélangent, se confondent, jusqu’à effacer les coutures qui les a jointes.

L’intertextualité culturelle

Le célèbre philosophe français Roland Barthes déclarait à propos de littérature que « tout texte est un intertexte ; d’autres textes sont présents en lui, à des niveaux variables, sous des formes plus ou moins reconnaissables […] tout texte se construit comme mosaïque de citations ». Une déclaration d’une justesse inégalée qui s’applique à tous les arts et qui trouve dans nos sociétés mondialisées un écho particulier. Alors que le multiculturalisme et la question identitaire sont au cœur des débats, que les flux humains et commerciaux se multiplient entre les divers pays de la planète, cette phrase s’impose comme une parfaite définition de notre monde.

Les multiples flux migratoires qui émaillent l’histoire ont mené à une transfiguration de la notion « d’identité nationale ». Toute société est aujourd’hui soumise à ce que l’on pourrait appeler une « intertextualité culturelle ». Des personnes issues d’horizons divers se côtoient dans un même espace. Les nations sont aujourd’hui de véritables « mosaïques » humaines et culturelles. En leur sein vivent des habitants aux us et coutumes hétérocycles, aux couleurs de peau variées. Ce multiculturalisme imprègne profondément la filmographie de Quentin Tarantino qui, de manière plus ou moins inconsciente, reflète ces changements sociaux-culturels.

Grand amoureux de réappropriation culturelle, Quentin Tarantino nous offre un cinéma coloré, reflet d’une société mondialisée dans laquelle les cultures se mélangent, se confondent, jusqu’à effacer les coutures qui les a jointes.

Tarantino, un cinéma sous influence

Intertextualité et réappropriation culturelle sont deux piliers du cinéma de Quentin Tarantino. Les créations du réalisateur déroutent par la richesse de leurs références. Au sein d’une même œuvre cohabitent harmonieusement des inspirations variées. On opère à chacun de ses films un véritable voyage cinématographique dans des ambiances inspirées par des courants tels que la nouvelle vague française, le cinéma japonais et la culture afro-américaine. Tel un magicien, l’artiste parvient à créer des univers cohérents proposant une alchimie entre des mondes, des cultures aux antipodes. Avec Django, il réussit le défi de faire coexister western et hip-hop. Tandis que les westerns sont de véritables odes aux valeurs américaines exaltant la supériorité des pionniers blancs venus conquérir l’ouest, le hip-hop est plus assimilé à la culture afro-américaine.

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Deux univers que tout oppose mais qui s’assimilent ici parfaitement. Plus audacieux encore, Tarantino brise les chaînes de la conformité pour proposer une histoire de cow-boy ou le héros est un esclave noir. Il revisite le genre en allant à l’encontre de ses clichés. Il l’adapte à une autre culture pour en faire un film contre l’esclavage, mettant à l’honneur la culture afro-américaine au travers d’un des héros noirs les plus charismatiques de l’histoire ! Comme dans notre société des identités différentes se côtoient dans un même espace, ici filmique. La force de ce cinéma est de montrer qu’elles peuvent évoluer côte à côte sans perdre de leur essence.

Tarantino démontre par son œuvre que les cultures peuvent cohabiter, qu’elles peuvent s’assimiler sans se travestir, sans perdre leur identité.

De la même manière, lorsqu’il s’inspire d’œuvres issues de pays étrangers, Tarantino fait preuve d’un véritable respect du matériau originel. Plus qu’une simple réappropriation, il se livre à une vraie appréciation culturelle, offrant aux cinéastes qu’il admire de véritables hommages. Kill Bill, par exemple, est très inspiré par le film japonais Lady Snowblood de Toshiya Fujita sorti en 1973. Loin d’être un usurpateur, le cinéaste assume ses références et les appuie de « citations cinématographiques » explicites. À ce titre il dissémine dans le premier Kill Bill de nombreuses références à l’œuvre qui lui a servi de muse. Par exemple, le combat final avec « The Bride » reprend presque stricto-sensu l’esthétique et la mise en scène d’une séquence de Lady Snowblood. Dans le premier volet de Kill Bill le réalisateur intègre même une authentique séquence d’animé japonais. Il fait preuve d’une réelle ouverture d’esprit ! Ses inspirations ne sont pas adaptées, filtrées par le prisme de sa vision d’américain. Il démontre par son œuvre que les cultures peuvent cohabiter, qu’elles peuvent s’assimiler sans se travestir, sans perdre leur identité. Il nous offre au travers de sa filmographie un exemple probant de mixité harmonieuse. Un gage d’espoir en somme !

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