Véritable ode à la liberté, épique fresque portée par l’ineffable lyrisme révolutionnaire d’une poignée de héros divinisés, Braveheart
a marqué une génération toute entière. Plus de vingt ans après
l’incontournable œuvre de Mel Gibson, l’Écosse s’apprête à reprendre les
armes face à l’envahisseur anglais avec Outlaw King : Le roi hors-la-loi.
Dans l’assourdissant vacarme d’une armée qui s’ébranle, le réalisateur
David MacKenzie nous emmène dans une funeste et âpre odyssée aux
antipodes de Braveheart.
Depuis son annonce en 2017 par Netflix, Outlaw King : Le roi hors-la-loi n’a eu de cesse de susciter l’intérêt de la presse et des cinéphiles. Il faut dire que beaucoup attendaient impatiemment de voir les éléments cinématographiques qu’allait insuffler David MacKenzie au film, lui qui avait déjà magistralement conquis la critique avec Poings contre les murs et Comancheria. Dès les premières minutes, le réalisateur écossais annonce le ton et impressionne : dans un ébouriffant plan séquence d’une dizaine de minutes, David MacKenzie démontre avec habilité son savoir-faire technique et pose astucieusement les bases de tous les enjeux à venir. Ainsi, alors que William Wallace – protagoniste dans Braveheart – est porté disparu, emportant avec lui tout espoir de rébellion, les comtes écossais sont contraints de prêter allégeance à Édouard Ier d’Angleterre. Cette paix fragile se voit cependant mise à mal lorsque, suite à une série d’événements, le noble Robert de Brus (Chris Pine) se retrouve propulsé comme premier roi d’Écosse, bien décidé à rallier le pays à sa cause afin de mener une lutte inextinguible et sanguinaire contre le roi Édouard Ier et son fils, l’impitoyable prince de Galles.
S’inscrivant donc dans la lignée de Braveheart, dont il est en quelque sorte la suite historique, Outlaw King : Le roi hors-la-loi ne se contente pas de simplement revisiter les guerres d’indépendance de l’Écosse. Là où le long métrage de Mel Gibson dépeignait une lutte romanesque et idéalisée pour la liberté, fresque historique épique et idyllique comme seul Hollywood en a le secret, Outlaw King : Le roi hors-la-loi prend le parti d’offrir au spectateur une vision de l’Histoire organique et crue, définitivement dénuée de tout sublime. Cela se ressent dans la plastique générale du film, froide et sans fioritures, et dans la mise en scène bestiale et – volontairement – chaotique des combats qui, dénudés de tout lyrisme, laissent place à de turpides orgies de boue, de sang et de cadavres. Et il s’agit bien là d’une des plus grandes qualités de l’œuvre de David MacKenzie : en proposant une esthétique brute et âpre, le film parvient à retranscrire au spectateur l’indicible poids d’une guerre presque perdue d’avance, ainsi que les conséquences et le marasme psychologiques provoqués par ce conflit sur ses protagonistes.
Fort de ses majestueux paysages et de ses décors impressionnants, Outlaw King : Le roi hors-la-loi peut également compter sur un casting de qualité. Porté par un Chris Pine convaincant en leader désabusé et éprouvé et par une Florence Pugh poignante en Elizabeth Burgh, épouse forte et dévouée, le récit se paie le luxe d’une romance sincère et prenante, brefs moments de poésie lyrique entre deux bouffées de barbarisme. On regrettera cependant un traitement un peu trop stéréotypé de certains antagonistes, offrant une vision caricaturale des Anglais en “méchants envahisseurs.”
Après un accueil assez mitigé lors de sa projection au Festival du film de Toronto, Outlaw King : Le roi hors-la-loi débarque sur Netflix dans une nouvelle version amputée de 20 minutes. Fort d’un casting convaincant et d’une mise en scène organique et crue, dénudée de tout lyrisme, le film de David MacKenzie propose une immersion passionnante et haletante dans une Écosse médiévale marquée par des guerres d’indépendance.