Série TV
Critique : V, la série inachevée
Série culte des années 80, V a marqué une génération entière de téléspectateurs friands de science-fiction. L’annonce de son remake en 2009 avait dès lors de quoi faire rêver : les visiteurs étaient sur le point d’envahir une nouvelle fois la Terre et, avec les moyens de production actuels, tous les fantasmes étaient permis (article à spoilers).
Malheureusement, la joie est de courte durée. Plus précisément, elle dure le temps de 2 saisons. Avec son scénario très bien agencé, son casting de qualité et la psychologie de ses personnage travaillée, V arrive à tenir son public en haleine. Que cachent ces visiteurs, extraterrestres dissimulant leur aspect de reptile sous une forme humaine, venant aux premiers abords dans un esprit de paix et de partage ? Leur leader suprême, la glaciale Anna (Morena Baccarin), a en réalité des plans bien plus sombres et aspire à l’extermination de la race humaine. Alors que toute la population et les leaders mondiaux sont acquis à sa cause, ébahis devant les avancées technologiques et scientifiques de son peuple, seul un petit groupe de résistants, la cinquième colonne, semble douter des intentions pacifiques de ces étranges visiteurs.
Le décor est planté et on suit les aventures de l’agent spécial du FBI Erica Evans (Elizabeth Mitchell) qui, aidée de visiteurs rebelles et d’humains résistants un peu partout dans le monde, fait tout pour tenter de contrecarrer les plans de ces envahisseurs et sauver son fils, tombé sous le charme et l’emprise de ces mystérieux extraterrestres qu’il admire. Les épisodes s’enchaînent et l’histoire devient de plus en plus prenante. Il faut dire que le scénario, où manipulations, trahisons et sacrifices s’entremêlent, est particulièrement bien ficelé, ne distillant que par petites doses des révélations sur les véritables intentions des visiteurs ; une technique qui permet de continuellement renouveler l’intérêt du spectateur et de le tenir en haleine.
Qui plus est, la série bénéficie d’un casting correct. Elizabeth Mitchell et Morena Baccarin, épaulées par Morris Chestnut (Ryan Nichols dans la série), Joel Gretsch (Père Jack Landry), Charles Mesure (Kyle Hobbes) et Laura Vandervoort (Lisa), réalisent une prestation honnête, rendant ainsi certains personnages attachants et d’autres méprisables. La psychologie des protagonistes, poussée à son paroxysme, vient apporter un véritable plus au scénario. En effet, l’histoire dépeint le portrait d’aliens qui découvrent les émotions humaines contre lesquelles ils essayent de lutter ; parallèlement, le spectateur suit le cheminement psychologique des résistants tentant de remporter une guerre face à un envahisseur sans aucune humanité et ce, sans perdre la leur. Enfin, une fois n’est pas coutume, le doublage français est de bonne facture.
“Nous venons en paix, toujours“
Si V arrive à convaincre de par son intrigue prenante et son ambiance maîtrisée, la série déçoit cependant sur certains autres points. A commencer par des effets spéciaux risibles, donnant par moment à V l’aspect d’une production low cost. De nombreuses séquences sont en effet réutilisées sur les plans de différents épisodes, alors que les scènes tournées sur fond bleu, assez grossières pour la plupart, contrastent cruellement avec le reste. Nonobstant ces quelques soucis techniques, la qualité de la série demeure sensiblement intacte.
Cependant, et c’est là où le bât blesse, faute d’audience convaincante en 2011, la chaîne américaine ABC met brutalement un terme à la série qui n’est pas renouvelée pour une troisième saison. Avec la mort de plusieurs protagonistes, dont le fils d’Erica, la découverte d’un réseau de résistants bien plus important que la cinquième colonne (regroupant des haut gradés de l’armée, des agents spéciaux,…) et l’accomplissement presque certain des plans d’Anna, la fin de la deuxième saison, singulièrement intense en rebondissements, se retrouve alors orpheline de toute suite. Un constat assez rageant, sachant le potentiel de la série et son cliffhanger de fin.
“Il faut dire que le scénario, où manipulations, trahisons et sacrifices s’entremêlent, est particulièrement bien ficelé, ne distillant que par petites doses des révélations sur les véritables intentions des visiteurs ; une technique qui permet de continuellement renouveler l’intérêt du spectateur et de le tenir en haleine.”
Regarder V, c’est donc la (quasi) certitude pour un amateur de science-fiction de passer un excellent moment devant une série captivante, dotée d’un casting convaincant et d’une intrigue envoûtante. Mais c’est aussi faire le choix de rester sur sa faim, frustration garantie, et de ne jamais connaître la fin des aventures d’Erica et le destin de la Terre. Pour se consoler, il est cependant toujours possible de se rabattre sur l’œuvre originale de 1983, ainsi que sur V : The Second Generation, le roman écrit par Kenneth Johnson, le créateur de la série.
En conclusion, il est assez laborieux d’octroyer une note à V. Si la série parvient à tenir le téléspectateur en haleine et ce, le temps de deux saisons, la production d’ABC souffre indéniablement de son aspect inachevé qui vient déteindre sur la qualité globale de l’œuvre. Un constat assez rageant pour une série à l’intrigue très bien ficelée et à l’ambiance maîtrisée, qui avait certainement un bel avenir devant elle.